Découvertes

Les pompiers de Paris et la conquête de l’espace

Les pompiers de Paris et la conquête de l’espace


photo Cie prise le 18.12.2008. Photo
BSPP

Interview réalisée par MAI avec le soutien du commandement supérieur des forces armées en Guyane (COMSUP Guyane)

Le capitaine Thomas Brucker, chef du détachement des sapeurs pompiers de Paris présent en Guyane, explique, pour sp68.fr, la présence de l’emblématique corps militaire sur le Centre Spatial Guyanais (CSG) Découverte

Cela fait 40 ans que la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) est présente sur le CSG et le 27 novembre prochain, une quatrième caserne y sera inaugurée (voir encadré). Une présence dont l’origine trouve naissance dans la convention liant la BSPP, via le préfet de police de Paris dont dépend la brigade, et le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES). « Le statut militaire a indéniablement pesé dans la balance, compte tenu de la sensibilité du site défendu. De plus, la Guyane est un département atypique avec des ressources limitées pour absorber ce type de mission. La BSPP est arrivée en Guyane en même temps que le CNES » soit en 1969.

Les missions de chacun

Si les autres acteurs militaires (gendarmes mobiles, forces armées en Guyane avec la légion étrangère) assurent les missions de sûreté, cette unité de sapeurs-pompiers est la seule à intervenir en terme de sécurité incendie sur l’emprise du CSG.  « Avec les forces armées, on se croise lors des tirs de fusées, mais nos compétences sont différentes. Nos missions sont plus liées à la protection des installations et nous évoluons très rarement dans la partie forêt, qui représente la majeure partie de la base ». Ce détachement ; « mais dans l’usage interne on parle de compagnie » ; assure la sécurité d’un sitegrand « comme la Martinique », soit environ 800 Km². C'est-à-dire quasiment la superficie d’un groupement territorial du SDIS68.

Missions de secours et animaux exotiques

Les intervenants « suivent et supportent toutes les opérations à risque avec les moyens adaptés à l’activité industrielle ». Cela représente environ 50% de leurs interventions. Le reste étant « du secours à victime, très peu de feu, des reconnaissances sur des détections incendie, des détections pour vapeurs toxiques, car tous les locaux sont sous détections. Il y a aussi les captures d’animaux exotiques tels les serpents et les caïmans. » Autres missions réalisées, « les épuisements pendant la saison des pluies et des feux de broussailles appelés feux de Pri-pri (brousse) »

Les risques rencontrés par les personnels sont « industriels avec les ergols qui sont les carburants pour les satellites. Il y a aussi le risque pyrotechnique avec les étages accélérateurs à poudres (communément appelés boosters) des fusées. » Les intervenants peuvent également mettre à disposition leurs «  moyens nautiques lors de secours maritimes. Cela estdéjà arrivé d’intervenir dans ce cadre, notamment pour un avion de tourisme posé en mer. » Il est arrivé que la BSPP soit sollicitée « sur une chute d’ULM en limite de secteur. »

Ils nous font rêver encore et toujours !

Si une convention lie la BSPP au SDIS 973 (Guyane), il convient aussi de préciser que « des sapeurs-pompiers guyanais sont déployés lors des tirs de fusées, dans le cadre des réseaux d’alertes. La BSPP peut également appuyer les homologues guyanais si la ressource le permet. Ça arrive ponctuellement ! On effectue aussi des exercices et des formations ensembles. » Quant au rôle de conseiller technique en sécurité-incendie, « précédemment assuré par le chef de détachement », le CSG s’est dorénavant attaché les services d’un ingénieur civil pour ces questions. « C’est un ancien de la BSPP. C’était une volonté du centre spatial d’avoir un ancien de la brigade. On travaille de manière transversale avec lui. C’est plus simple !» Plus compliqué par contre, est de se séparer d’un sujet si captivant ! A défaut de trouver les mots justes, sp-68.com renouvelle ses remerciements à la BSPP, à son Cne Thomas Brucker et à ses hommes qui portent si haut les valeurs du courage et du dévouement. Merci !

 


opération d'ouverture de la zone de lancement Ariane 5 ,
quelques heures après le lancement (14 mai 2009) Photo BSPP


photo Cie prise le 18.12.2008. Photo BSPP

 


 

En chiffre

Le personnel

Ce sont 88 sapeurs-pompiers de Paris au total qui assurent les missions de secours sur le CSG. Comprenant 3 officiers, dont un officier supérieur qui est Médecin Commandant, les 2 Capitaines sont le chef de détachement et son adjoint. Ces officiers peuvent compter sur le soutien et les compétences de 25 sous-officiers, dont un major, 3 adjudants-chefs, 10 sergents-chefs et 11 sergents. Ils accompagnent les 60 militaires du rang du détachement dans leurs tâches.

Les casernes

4 casernes permettent d’assurer les opérations et interventions. Une se situe à l’entrée du centre spatial. C’est le pôle administratif et le centre technique, endroit où le Cne Thomas Brucker dispose de ses bureaux. L’emplacement de la seconde caserne est à 15 km de la première. Elle est proche du pas de tir de la fusée Ariane 5 et se nomme Centre de Secours Ariane (C.S.A.). Une troisième caserne défend l’Usine de Propergol Guyane (UPG), au cœur de la zone de fabrication des étages accélérateurs à poudres, et porte le nom de centre de

secours UPG. La dernière, en fonction et armée depuis un mois à H24, c'est-à-dire 24H/24, a trouvé sa place à côté du futur lanceur de la fusée Russe Soyouz, dont le premier lancement est prévu pour le milieu de l’année prochaine. La nouvelle structure nommée C.S. Soyouz sera inaugurée officiellement le 27 novembre 2009.

Le parc automobile

Chacune des casernes est équipée d’un VSAV, renforcé au besoin par un VLM armé par le médecin commandant de la brigade. Côté engins pompes, ce sont depuis peu, des Camions Citernes Ruraux (CCR) qui équipent les 4 C.S. Deux gros porteurs équipés de canons et d’émulseurs, dispatchés sur la base, renforcent ce dispositif. Il faut rajouter à cela un bateau pouvant transporter 8 passagers, des engins de réserves, une douzaine de VL, trois MPR, un VL 4X4, 2 CCF et 2 prompts secours. Mais c’est du côté des berces que cela devient encore plus impressionnant ! 4 porteurs sont affectés à la base et permettent le transport de 7 cellules. Il y a 1 berce secours routiers éclairage ventilation, 1 berce avec 4000L d’émulseur, 1 berce PMA climatisée, 1 berce « ange gardien » climatisée avec un sas pour les interventions à caractères chimiques (CMIC), 1 berce obturation dépollution, 1 berce dévidoir mousse avec 2 Km de tuyaux et prochainement arrivera 1 berce motopompe de 240M3/H. D’autres engins étofferont d’ici peu ce déploiement. En effet, 2 VTU sont prévus pour fin 2009- début 2010 et un second bateau équipera le détachement début 2010.

Les formations nécessaires

Chaque composante des effectifs doit être titulaire des formations spécifiques NRBC(Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique) avant de pouvoir être affectée en Guyane. Pour les militaires du rang (MDR) ce sont les formations RAD1 et RCH1 qui sont nécessaires. Les sous-officiers doivent avoir obtenu les cursus RAD2 et RCH2. Quant aux officiers, ils ont obligation d’être titulaires des RAD3 et RCH3. Des stages dédiés pour les personnels détachés sont organisés en fonction des besoins. Tous les MDR sont conducteurs engins pompes et reçoivent des formations spécifiques pour la maintenance des EPI et la vérification des moyens de secours.

 


CCR devant le pas de tir Soyouz (fin octobre 2009) Photo BSPP

 

Comment ? Avec qui ? Pour qui ? Combien de temps ?

La BSPP est composée de 5 groupements. 3 groupements incendies, 1 groupement  de formation instruction et 1 groupement des soutiens qui regroupe la logistique et le soutien de la brigade auquel est rattaché le détachement en Guyane. « Ce travail s’articule autour des ressources humaines (notations, mutations, avancements, …) car l’opérationnel relève de l’un des sous-directeurs de la base. Il y a un directeur et 3 sous directeurs sur le CSG. Une sous-direction opération-infrastructures, une sous-direction administrative et une sous-direction chargée de la protection – sauvegarde – environnement - incendie – sûreté – code du travail. C’est cette dernière qui est mon autorité d’emploi sur la base, mais je garde mes rapports hiérarchiques avec la BSPP. » Les contacts avec Paris « se font par téléphone le matin en raison du décalage horaire et également par  e-mail. » (4 ou 5 heures de moins qu’en métropole). Le commandement de la BSPP, basé dans la capitale, vient en Guyane « au moins 3 fois par an et y passe une semaine à chaque fois pour faire le point sur les dossiers. » Pour postuler à ce détachement, « les personnels doivent avoir effectué au moins 5 ans de service sur Paris ». Après avoir parfait leurs armes sur le terrain parisien, ils peuvent « assurer des missions de risques technologiques essentiellement. C’est relativement important pour nous d’avoir des anciens. Tous les personnels sont destinés à retourner sur Paris. Il s’agit d’affectation Outre-mer comme dans tous les corps de l’armée de terre dont relève la brigade. Ce sont des affectations de 2 ans, renouvelables 2 fois un an. En général, les personnels restent 3 à 4 ans ».


 

 

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2ème trail des sapeurs pompiers 2018 en photos

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